السلام عليكم ورحمة الله وبركاته
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Les Qaça’id dont on interdit la lecture
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Parmi les nombreuses Qaçâ’id dont la lecture est réputée dangereuse, on peut citer :
« Khâtimatu Munâjât » (L’Ultime Entretien Seigneurial), « Bakh Bakhâ », « Asmâ’u Ahli Badrin » (Mémorial des Combattants de Badr), « Rabbî Karîmun Wâsi’un wa Yufadilu » (Mon SEIGNEUR est le Généreux et le Très-Large qui accorde Sa Faveur à qui Il veut), « Alâ innani Usnî alâ khayri Mun’imi » (Ma Rétribution incombe au Meilleur Bienfaiteur), « Jâlibatu-l-Marâghib » (La Réalisation des Vœux), « Muqaddamatul Khidmah » (Prémices au Service du Prophète) etc.
Rien de tout ceci n’est avéré ! Tous les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba ne sont qu’avantages et profits sans aucun préjudice, avec comme unique réserve, comme nous l’avons déjà dit, la pureté et le comportement de ceux qui les lisent : évitent-ils les interdictions ? Se conforment-ils aux recommandations ? Ainsi toute personne qui lira les Qaçâ’id comme bon lui semble, en état d’impureté rituelle et les lit n’importe comment, si elle n’encourt pas au pire la punition divine à sa mort, du moins tout ce qui lui arrivera en cette vie sera bien mérité… Ceci signifie donc, à contrario, que quiconque persévère à se conformer à leurs règles de lecture, il lui sera parfaitement loisible de lire toutes les Qaçâ’id qu’il voudra [1]. [La preuve que tout dépend en définitive de l’état du lecteur est que] j’ai vu Cheikh Sâlih Mbacké (cinquième Calife de Cheikh Ahmadou Bamba) interdire à certains disciples de lire entièrement la qasida « Mukhaddamatu-l-Khidma » (Prémices au Service du Prophète) en une seule journée comme je l’ai vu recommander à d’autres sa lecture quotidienne en entier… Cela dit, il n’empêche qu’il existe des personnes à qui certaines Qaçâ’id sont plus préconisées et d’autres déconseillées selon leur état. Aussi sera-t-il infiniment plus indiqué à tout disciple disposant d’un authentique Maître Spirituel de s’en référer plutôt à lui au lieu de se précipiter tête baissée à une lecture indiscriminée. Car, il faut le savoir, il n’est pas rare qu’une personne se consacrant à la lecture irréfléchie de certaines Qaçâ’id en arrive à délaisser du jour au lendemain son commerce ou ses études par ignorance que leurs effets sont spécifiques à l’état du lecteur. Je m’explique, si nous prenons l’exemple d’un commerçant qui lit cinq ou dix fois par jour la Qaçîda intitulée « Jâlibatu-l-Marâghib » (La Réalisation des Vœux) [2]. Il ne fait aucun doute que cet usage risque de s’avérer rapidement préjudiciable à son activité ou même le pousser à l’abandonner complètement ! Ceci du fait que la lecture fréquente et assidue de ce poème mène vers une aversion marquée pour les affaires de ce monde et un dégoût prononcé pour tout ce qui n’est pas DIEU, un attachement inhabituel aux pratiques cultuelles : prières, jeûne, [solitude, négligence de l’apparat] etc. Plus sa lecture sera assidue, plus ces effets se renforceront au point que ce commerçant finira par considérer son négoce comme une vétille sans importance et ses clients tels d’insignifiants bouts de bois ! Aussi toute personne menant ce genre d’activités et aspirant à la pérennité de ses affaires doit-elle bien se garder de lire plus que de raison ce genre de Qaçîda… Elle peut certes la lire une fois par jour, l’effet pouvant lui sembler un peu pesant au début avant de s’estomper progressivement par la pratique. Quant à la personne dont l’unique ambition est de figurer parmi les hommes de DIEU sans aucune autre considération, il lui sera loisible de lire « Marâghib » une centaine de fois par jour s’il le désire. Plus il y persévéra, plus son cœur sera purifié au point même de pouvoir percevoir maints mystères occultés aux yeux du commun. Si tel s’avère être le cas, je lui recommanderai alors vivement de ne pas dévoiler ce fait aux gens et de le dissimuler plutôt soigneusement car nous nous trouvons dans une époque où [les risques de déchéance spirituelle sont nombreux] et les gens prompts à élever un homme vers des cimes dont il se trouve éloigné à des années-lumière…
[Texte tiré de l’ouvrage « Nahjou-l-Qawîm – ilâ qasâ’idi Shaykhi-l Khadîm » ou « La Voie sûre dans l’étude des écrits du Cheikh Ahmadou Bamba », par Cheikh Al-hâdji M’backé.]
NOTES
[1] Nombre d’autorités spirituelles de renom ne voient toutefois pas d’un bon œil la vulgarisation de certaines Qaçâ’id dont la portée inouïe des Faveurs y étant mentionné peuvent dérouter tout esprit non imprégné de certaines réalités spirituelles ou celle des Qaçâ’id dotées d’un pouvoir avéré de « dommage » envers les antagonistes ne devant point, en principe, tomber dans les mains de disciples n’ayant pas atteint le niveau de perfection requis. C’est le lieu ici de désapprouver l’empressement suspect de certains imprimeurs à diffuser ce type de Qaçâ’id sans autorisation.
[2] Réputée pour sa prodigieuse capacité à détourner le cœur des préoccupations mondaines et d’ancrer un solide penchant pour les Réalités de l’Au-delà.